Élections N.-B. 2020 : Allons-nous vers une « aliénation acadienne » ?

Suite au dévoilement des résultats des premières élections provinciales tenus en temps de pandémie au pays, force est de constater que le parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick a réussi son pari en remportant une majorité des sièges à l’Assemblée législative.

Tout d’abord, la SANB tient à féliciter Monsieur Daniel Allain, qui a remporté hier soir la circonscription de Moncton-Est. À titre de seul député francophone élu du bord du pouvoir, Monsieur Allain devra jouer un rôle clef au sein du nouveau gouvernement. La SANB a hâte de travailler avec Monsieur Allain, ainsi que ses collègues Dominic Cardy et Glen Savoie (deux anciens ministres réélus qui ont fait preuve d’ouverture à l’égard de la francophonie), afin de travailler ensemble vers l’avancement des priorités de la population acadienne et francophone de la province.  

Cela dit, Monsieur Higgs est maintenant en tête d’un gouvernement majoritaire sans aucune voix du Nord dans son caucus et seulement un élu francophone dans ses rangs.  

Ceci place la province et Monsieur Higgs dans une situation très précaire. Depuis les trois derniers cycles électoraux, la province se voit de plus en plus divisée selon des lignes politiques, géographiques et linguistiques. Avec cette nouvelle majorité, Higgs se trouve maintenant dans une situation similaire à celle de Justin Trudeau qui, suite à la dernière élection fédérale, s’est trouvé sans représentation de l’Ouest. Cette mise à l’écart de l’Ouest a mené à un sentiment de rejet et d’aliénation qui a contribué au mouvement de Western Alienation.  

Si Monsieur Higgs souhaite éviter que se poursuivent les cris « d’aliénation acadienne » qui ont profondément marqués sa campagne électorale, le premier ministre doit s’attaquer aux questions suivantes lors des 30 premiers jours suivant l’assermentation de son conseil des ministres :  

• La nomination d’un lieutenant francophone/bilingue fort pour s’attaquer au manque de points de vue acadiens dans son caucus, à la normalisation du discours antibilinguisme et au dénigrement des droits linguistiques au sein du gouvernement ;
• La création d’un Comité permanent des langues officielles à l’Assemblée législative, tel que discuté depuis la veille du déclenchement des élections provinciales, ainsi qu’un engagement de commencer des pourparlers avec le gouvernement fédéral afin d’acquérir plus d’autonomie provinciale en matière d’immigration (dont la pleine dualité en ce qui concerne l’immigration francophone) ;  
• Le manque d’investissement systémique en matière d’infrastructure dans les régions acadiennes et francophones de la province, notamment dans la région Nord de la province ; 
• Le faible taux de bilinguisme chez les récents diplômés des écoles secondaires de la province. Le gouvernement doit travailler avec le milieu scolaire pour fixer des buts ambitieux en matière d’augmentation des taux de bilinguisme au sein de la province. La SANB croit fermement que la population francophone ne peut pas être un acteur passif en ce qui concerne la promotion de l’immersion française chez la majorité anglophone.  

« La SANB est très inquiète, car nous nous trouvons maintenant devant un gouvernement majoritaire mené par un chef avec des antécédents très problématiques en ce qui concerne sa relation avec la population acadienne et francophone de la province », affirme Alexandre Cédric Doucet, président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick. 

« Le manque de représentation du Nord et la faible quantité de voix francophones au sein du caucus conservateur font en sorte que les Acadiens, Acadiennes et francophones sont presque entièrement exclus du gouvernement de la province. Ceci pose un énorme problème de démocratie et de représentation au sein du gouvernement. La SANB est donc prête à travailler avec le gouvernement afin d’arriver à un terrain d’entente entre la province et la population francophone et acadienne du Nouveau-Brunswick », a conclu le président Doucet.  

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