Bilinguisme et politique : Vivons-nous une normalisation du discours antifrancophone ?
La SANB constate une inquiétante tendance au sein de la société néo-brunswickoise au cours des dernières années, soit la normalisation du discours antifrancophone et antibilinguisme dans la sphère politique et sociale de la province.
D’abord, qu’entendons-nous par « normalisation du discours » ? Un discours se voit normalisé au sein d’une société lorsqu’il est vu comme normal ou bien conforme aux règles sociales généralement acceptées dans la discussion publique. En ce sens, un discours normalisé n’entraîne aucune conséquence sociale ou politique lorsque répété publiquement, notamment par des acteurs de la sphère politique.
« Nous voyons clairement dans le cadre des élections en cours qu’il y a une inquiétante normalisation du discours antifrancophone. D’ailleurs, cette normalisation dans les partis traditionnels et les partis extrémistes comme le People’s Alliance me préoccupe énormément », affirme Alexandre Cédric Doucet, président de la SANB.
Par le passé, les chefs des partis traditionnels maintenaient une plus grande discipline quant aux membres de leur caucus sur la question du discours antibilinguisme. À titre d’exemple, rappelons la décision du gouvernement Alward en 2012 d’éjecter de son caucus un de ses élus, soit Jim Parrot de la région de Saint-Jean, après qu’il se soit prononcé publiquement contre la dualité en santé. Cependant, en 2020, il est clair que les partis politiques n’appliquent plus la même rigueur quant aux propos de leurs candidats.
« À titre d’exemple, je trouve inadmissible que les commentaires de John Gardner à l’égard de la communauté francophone n’aient pas été cités dans les raisons évoquées par le chef libéral Kevin Vickers pour expliquer l’expulsion de son candidat. Par ailleurs, pourquoi n’a-t-on pas expulsé du même coup Phil Comeau, candidat dans Saint-Jean-Est, pour ses commentaires envers la communauté francophone ? », demande le président Doucet.
« Soyons clairs : toute attaque contre n’importe quelle minorité est totalement inacceptable. Bien que nous ayons fait d’énormes progrès dans les dernières décennies, nous sommes toujours loin d’avoir atteint l’égalité réelle entre francophones et anglophones dans cette province. En ce sens, toute attaque ou commentaire mal placé à l’égard de la population acadienne et francophone, qu’il soit avancé par nos élus ou par un membre de la population générale, doit être dénoncé ouvertement pour ce qu’il est : de la haine envers une population minoritaire. »
« En 2020, il faut instaurer une culture de tolérance zéro quant au discours antifrancophone au sein de la province, ce qui commence par la mise en place de conséquences politiques sérieuses pour ceux et celles qui tiennent des propos discriminatoires ou méprisants à l’égard des Acadiennes et des Acadiens du Nouveau-Brunswick », a conclu le président Doucet.
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