Exigences linguistiques de la fonction publique du N.-B. : « La SANB n’acceptera aucun recul »
Lors d’une conférence de presse tenue hier à Moncton, le chef du Parti conservateur Blaine Higgs a affirmé qu’il ne rejettera pas d’emblée la proposition du People’s Alliance de revoir les exigences linguistiques de bilinguisme pour les fonctionnaires de la province s’il est élu pour un autre mandat en tant que premier ministre.
Pour la SANB, l’incapacité du premier ministre de prendre une position ferme contre le recul des droits linguistiques d’un tiers de la population du Nouveau-Brunswick représente une forme de sous-discours destiné à attirer vers son parti une frange anti-francophone de la population néo-brunswickoise. Ce type de jeu politique est complètement indigne d’un homme ou d’une femme d’État ; encore moins du premier ministre de la seule province officiellement bilingue du pays.
« À la SANB, nous sommes catégoriques : l’organisme n’acceptera aucun recul en matière de langues officielles pendant la campagne électorale », affirme le président de la SANB, Alexandre Cédric Doucet. « Les propos de monsieur Higgs sur les exigences linguistiques et la réponse de ses candidats rapportés dans les médias témoignent d’un manque absolu de constance dans le discours du Parti conservateur en ce qui concerne leur volonté de protéger les droits linguistiques des Acadiennes, Acadiens et francophones de cette province », a conclu le président Doucet.
Exigences linguistiques dans la fonction publique : mythes et désinformation
Il est malheureux de constater que la désinformation sur les pratiques d’embauche dans la fonction publique du Nouveau-Brunswick est très répandue. Si le People’s Alliance met de l’avant le besoin ressenti de revoir les exigences linguistiques au sein de la fonction publique, c’est en grande partie dû au mythe répandu que le système est actuellement biaisé en faveur des francophones. On dit, par exemple, qu’ils sont surreprésentés, et ce au détriment des anglophones. D’ailleurs, les groupes marginaux anti-francophones sur les médias sociaux déforment les faits depuis des années, ce qui incite certains partis politiques à répéter leurs discours.
Toutefois, les faits racontent une autre histoire. Selon les statistiques obtenues auprès de diverses sources telles que Statistique Canada (recensement de 2016), les sites web officiels du gouvernement du Nouveau-Brunswick ou les récents rapports (2017-18) du Commissariat aux langues officielles du Nouveau-Brunswick :
- 53 % de tous les postes exigent des compétences en anglais seulement.
- 41 % exigent la maîtrise des deux langues officielles (doit être bilingue).
- 4 % exigent des compétences en français seulement.
- 2 % exigent des compétences en anglais ou en français seulement.
Il est important de noter que tous les postes sont pourvus par du personnel qualifié sur la base de ses compétences linguistiques, et non sur la base de son origine culturelle ou ethnique. Le bilinguisme est ainsi une compétence. Afin de respecter les droits des citoyens à recevoir des services dans la langue de leur choix, il s’agit d’une qualification essentielle pour la prestation de certains services. Elle ne diffère pas des autres qualifications ou compétences telles que la capacité à utiliser des applications logicielles comme Excel ou Wordpress.
Il est également clair, d’après la politique linguistique et de travail du gouvernement du Nouveau-Brunswick, que les employés unilingues anglophones de la fonction publique ne sont pas tenus d’être bilingues.
Il est évident qu’une partie des 53 % qui doivent pouvoir parler anglais sont des francophones bilingues, tout comme les 41 % de personnes bilingues proviendront des deux communautés.
Cela dit, la politique du gouvernement du Nouveau-Brunswick en matière de langue de travail vise à encourager et à permettre aux employés de travailler dans la langue officielle de leur choix, par exemple lorsqu’ils participent à des réunions, rédigent des documents ou utilisent des outils de travail. L’utilisation des deux langues officielles est encouragée. Cela est inscrit dans la législation fédérale et provinciale concernant la position et le statut des deux langues.
Le fait que le bilinguisme soit exigé pour certains postes dans la fonction publique du Nouveau-Brunswick ne constitue donc pas une discrimination à l’égard des unilingues. Au contraire, il favorise tous les citoyens qui ont besoin d’un service dans la langue de leur choix.
La Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick et la Charte canadienne des droits et libertés énoncent le statut des deux langues de façon claire et non équivoque. Au Nouveau-Brunswick, tous les citoyens de toutes les régions de la province ont le droit de recevoir certains services publics dans la langue de leur choix. Les pratiques d’embauche doivent, selon la loi, refléter et respecter ce fait.
(Source des statistiques ci-dessus : Bureau des commissaires aux langues officielles du Nouveau-Brunswick)
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