Données linguistiques du recensement 2021: Un bilan mitigé pour l’Acadie du Nouveau-Brunswick
Plus tôt aujourd’hui, Statistiques Canada a publié les données linguistiques du recensement de 2021. En ce qui concerne le Nouveau-Brunswick, la SANB tire un bilan mitigé quant aux implications de ces statistiques pour la vitalité linguistique de la population acadienne et francophone de la province.
À la suite d’une lecture initiale des données, la SANB constate qu’au Canada dans son ensemble, l’anglais et le français ont respectivement perdu 1,1 % et 1 % quant aux pourcentages des locuteurs de langue maternelle. En 2021, l’anglais était donc la première langue de 56 % de la population, le français, 19,6 %, et toute autre langue tierce, 21,4 %. La tendance nationale est donc que la population dont la langue maternelle est le français ou l’anglais diminue, alors que la population des personnes parlant une tierce langue maternelle augmente. Ainsi, le profile linguistique du pays change, un phénomène qui s’explique entre autres par une immigration croissante et par un faible taux de natalité.
Au Nouveau-Brunswick, l’anglais et le français ont respectivement perdu 0,5 % et 1,9 % quant aux pourcentages de locuteurs de langue maternelle et il y a eu une augmentation de 1,2 % pour les personnes dont la langue maternelle est une langue tierce.
La SANB souligne cependant qu’au Nouveau-Brunswick, la diminution du taux des francophones de langue maternelle double presque celui du Canada dans son ensemble. Bien qu’en termes absolus le nombre de francophones de langue maternelle demeure stable entre 2016 et 2021, il est clair en regardant les données que l’Acadie et le Nouveau-Brunswick doivent acquérir un plus grand contrôle sur leur système d’immigration s’ils souhaitent freiner la diminution du poids relatif des francophones de la province.
«En analysant ces données, nous voyons l’impact du non-respect par les gouvernements successifs des cibles en matière d’immigration francophone. Malheureusement, c’est encore la communauté acadienne qui en subit les conséquences,» affirme Sue Duguay, vice-présidente de la SANB.
«Toutefois, il ne faut pas voir que du négatif dans ces données linguistiques : en termes absolus, le français est dans une position de stabilité. Nous pouvons discuter des statistiques, mais le fait est que la population totale des francophones demeure stable, ce qui représente un renversement de la tendance qui était vers le déclin,» ajoute la vice-présidente.
«D’ailleurs, il faut également souligner le phénomène de l’identification comme “bilingue” plutôt que “francophone”; une réalité que nous soulignons sans jugement. Au Nouveau-Brunswick, le nombre de personnes qui ont le français comme langue maternelle a diminué de 5550 personnes, mais le nombre de personnes qui ont à la fois le français et l’anglais comme langues maternelles a augmenté de 5530 personnes, ce qui s’annule, pour ainsi dire».
«Enfin, pour la SANB, ce que nous devons retirer de ces données est l’importance d’acquérir rapidement une plus grande autonomie pour l’Acadie du Nouveau-Brunswick en matière d’immigration francophone, mais également en ce qui concerne la petite enfance, l’éducation et toute autre politique visant les familles au sein des instances gouvernementales. Il ne faut pas oublier l’humanité réelle qui compose ces statistiques, et nous devons donc nous assurer que la province puisse faire grandir sa population tout en respectant l’égalité de ses communautés linguistiques et le respect des droits des individus,» a conclu Mme Duguay.
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